Parfois, j’aime prétendre que j’ai vécu mille vies avant celle-ci. J’imagine que j’ai vu un million de couchers de soleil colorés et que j’ai parcouru plusieurs fois l’étendue du globe.

Je rêve qu’il n’y a pas un souhait que je n’ai pas réalisé, ou une quête que je n’ai pas conquise. Dans mon esprit, j’ai aimé au maximum de mes capacités, j’ai goûté aux étoiles.

La vérité, c’est que je fais semblant pour ne pas m’agiter. Anxieuse de vouloir plus d’une vie dont les pages seraient numérotées… et dont comme la matière fine du sablier, inexorablement, a commencé à glisser dans sa deuxième boule en verre.

D’une certaine manière, mon imagination me sauve, car ce n’est que lorsque j’ose croire que j’ai « tout fait » que je trouve la force d’accepter le changement tel qu’il se présente… tel qu’il me demande plus que ce que je n’aurais eu le courage de donner.

L’automne est justement fait pour ce genre de réinvention – cet appel au changement. 

Partout autour de vous, la nature s’exprime de manière exquise dans un état de transition. Le vent fait tourner la tête, les tourbillons de feuilles et de magie s’enroulent et tournoient dans une danse qui se finit en seul tour. Les récoltes mûrissent et fleurissent, tandis que les parfums et les couleurs, tous aussi doux les uns que les autres, nous mettent au défi de ne pas y prêter attention.
Et lorsque je lève tête vers le ciel à la tombée de la nuit, la lune et les étoiles ont aussi commencé à changer de place.

 La nature accomplit ses métamorphoses de manière saisissante. Il n’y a pas un esprit qui ne soit pas touché par ses charmes, ce qui prouve, année après année, que le changement est quelque chose d’essentiel à la fibre de la création.